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Portrait sensible #8 Amandine Robaey

Je suis très heureuse de vous retrouver pour un tout nouveau portrait sensible. Celui d'Amandine Robaey, celle qui s'est donné pour mission de retranscrire le fond d'une pensée, d'un message, d'un bout d'histoire avec le plus de justesse possible. Amandine écoute, ressent et s'imprègne de chaque récit avant de lui donner une identité textuelle. Sa plume révèle et donne une consistance à nos pensées, nos idées, nos visions floues, souterraines, celles pour lesquelles les mots nous manquent...Elle donne la parole à nos états muets et encre les messages indicibles avec justesse et empathie.


Belle découverte et merci encore, Amandine, pour tes mots :)


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Hello Amandine, Pour commencer, peux-tu nous parler un peu de toi pour que nous apprenions à mieux te connaître ?

Enchantée ! C’est toujours étrange de se retrouver de l’autre côté, de parler de soi lorsqu’au quotidien on raconte les histoires des autres…;) Je m’appelle Amandine, je suis passionnée par les mots et les belles histoires, curieuse de tout, à la recherche permanente de la petite flamme, de la beauté cachée du monde, de la poésie qui se cache dans le quotidien et ne demande qu’à être révélée.

Et quand on me demande ce que je fais, j’aime bien reprendre cette expression que l’on m’a suggérée un jour : je suis une artisane des mots.



Ton métier consiste à raconter l'histoire des autres. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Oui, c’est ça : mon métier consiste à trouver les mots pour tous ceux qui ont des choses à dire mais qui ne savent pas comment les exprimer ou les transmettre.

Amoureuse des mots, j’ai une première casquette de rédactrice. J’accompagne les professionnels et les particuliers dans leurs projets d’écriture, en écrivant pour eux ou avec eux, en les guidant pas à pas tout au long du processus d’écriture. Cela va de la rédaction web à l’écriture de biographies et de récits de vie, mais aussi de livres professionnels et d’essais théoriques. Et quelques fois, j’ai des demandes un peu plus personnelles ou particulières, comme des lettres ou des hommages. Le coeur du travail reste le même : comprendre le message dans ses aspects les plus essentiels, et le transmettre avec fidélité et justesse en choisissant les mots avec soin.

Et quand je n’écris pas, j’enseigne. En plus d’être professeur de français, je donne des formations en communication aux indépendants et aux artisans. C’est un autre aspect du métier, toujours lié aux mots et à la transmission. Lors de ces formations, on repense leur communication de manière globale, on prend le temps de chercher ce qui les rend unique. On développe ensemble leur « identité narrative », comme on pourrait le faire pour une identité visuelle. Puis on passe à la pratique afin qu’ils découvrent quelques outils. Je les aide à s’approprier quelques techniques d’écriture pour les amener à écrire eux-mêmes, à communiquer de façon authentique et autonome. Et pour qu’ils prennent confiance !

Et, enfin, je propose des ateliers créatifs et poétiques, autour des mots et du papier. Un joli moyen de combiner écriture, art et artisanat, et de raconter des histoires autrement.




Comment fais-tu pour " trouver les mots justes " ?

Ecrire pour les autres, c’est d’abord une rencontre. Ça peut paraître un peu cliché dit comme ça mais c’est pourtant la stricte vérité : l’écriture est avant tout une aventure humaine. Rencontrer l’autre, entendre ce qu’il a à dire, mais aussi écouter ses silences, aller au-delà des apparences et quitter la surface. C’est la première étape : rencontrer, écouter, chercher à comprendre. Tenter de saisir l’essence d’un message, d’une identité, voir l’extraordinaire dans le quotidien.

Ensuite, les mots viennent assez naturellement. Je suppose que tout cela vient avec l’expérience, à force d’entraînement, à force d’apprendre, chaque jour. Mais aussi certainement par les rencontres, par les lectures, mais aussi par ma pratique personnelle de l’écriture.

Et c’est la partie un peu plus solitaire du travail : partir à la recherche du terme le plus juste, reformuler, reformuler encore, élaguer, peaufiner, ciseler la langue pour rendre justice aux idées, aux histoires que l’on raconte. Adapter son style au propos, dire sans trahir. C’est long, c’est minutieux, mais c’est essentiel.

Et puis, évidemment, il y a une étape d’échanges, d’allers-retours : s’assurer que le texte convienne, que le message passe, que le ton soit adapté, bref que la personne s’y retrouve. Et finalement : l’étape de la correction ! (Et... oui, j’adore ça ! )



Tu es une passionnée du langage, des histoires et de la communication par le verbe. D'où te vient ce goût pour les mots ?

Difficile de savoir d’où ça vient… D’aussi loin que je me souvienne (et selon mon entourage), j’ai toujours eu ce goût pour les mots, pour leur musicalité, pour leur beauté. Dès que j’ai pu parler j’ai inventé des histoires, dès que j’ai pu écrire j’ai écrit des histoires, des poèmes, des pensées éparpillées dans des carnets. Et je n’ai jamais vraiment arrêté depuis. Les mots sont ma porte d’entrée vers le monde, ils sont mon moyen d’entrer en contact avec les gens, ils sont ma boussole pour comprendre ce qui m’entoure.

J’ai donc assez naturellement choisi d’en faire mon métier, en faisant un Master puis une Agrégation en langues et littératures françaises romanes, en travaillant pour une maison d’édition puis en enseignant – et aujourd’hui en écrivant.




Dans ta description tu écris " j’ai compris qu’en plus d’être un formidable terrain de jeu, les mots avaient aussi un pouvoir. " Peux-tu nous parler de ce fameux pouvoir des mots ?

Les mots ont ce pouvoir de changer les choses. De changer le monde, notre monde, mais aussi de nous changer nous-mêmes. On peut penser évidemment aux grands discours dont l’influence sur l’Histoire est indéniable, à l’argumentation, à la rhétorique et à tout ce que cela implique. Mais on peut aussi voir cela à un niveau plus personnel. On a tous, je pense, une « petite phrase qui a changé notre vie ». Ou, au moins, qui a changé notre façon de voir les choses et d’appréhender le monde. Un mot prononcé peut radicalement changer un parcours de vie.




Y-a-t-il une histoire particulièrement marquante que tu as mis en mots et que tu peux nous raconter ?

Sans trop rentrer dans les détails, j’ai été amenée il y a quelque temps à rédiger une lettre très personnelle, d’une mère à sa fille, dans le but de soulever les non-dits et de réconcilier une histoire familiale particulièrement douloureuse et complexe. Et quand cela porte ses fruits, c’est un sentiment assez indescriptible. On sait pourquoi on fait ce que l’on fait.



Tu proposes également des ateliers créatifs autour de l'écriture et du papier. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Ces ateliers sont nés de l’envie de jouer avec les mots mais aussi de mêler les mots avec d’autres techniques, d’autres univers. Et notamment celui du papier. Je propose, par exemple, des ateliers autour de la fabrication du papier, lors desquels on crée son propre papier recyclé de A à Z, à partir de vieux livres. Je propose aussi une initiation à une jolie technique qui me tient particulièrement à coeur : le cyanotype. C’est un procédé photographique fascinant et qui permet plein de possibilités. On crée des impressions monochromes à partir de pages de livres, ou de textes personnels, etc. Et puis il y a les ateliers plus « classiques », autour de l’écriture autobiographiques, ou plus poétiques avec des jeux d’écriture comme le caviardage (il y a plein d’exemples sur mon compte Insta pour se faire une idée).

Et puis il y a des ateliers en collaboration avec une céramiste : créer son propre texte, sa propre histoire, pour venir le graver sur une pièce design unique…

Et j’espère avoir encore plein de nouvelles idées pour proposer de nouveaux ateliers atour des mots !




8 - Écriture manuscrite ou digitale ?

J’ai un faible pour l’écriture manuscrite, parce que j’aime le geste, la danse de l’encre sur le papier, le mouvement. C’est tellement personnel, tellement unique… On reconnaît directement les gens qu’on connaît à leur écriture et je trouve que cela a quelque chose de magique.

Mais au quotidien, j’utilise énormément mon ordi, comme tout le monde ! Ça a moins de charme, mais qu’est-ce que c’est pratique parfois !



9 - Quels sont les mots que tu préfères et ceux que tu aiment le moins ? Pourquoi ?

J’ai une passion pour les mots que l’on nomme « intraduisibles », ceux qui n’ont pas d’équivalent en français mais qui, dans d’autres langues, recouvrent des concepts merveilleux. Je pense par exemple au mot grec « meraki », qui est le fait de mettre de la passion et du coeur dans tout ce que l’on fait, d’y laisser une partie de nous. Ou encore à l’allemand « Fernweh », qui désigne le besoin de découvrir le monde.

Et pour ceux que je n’aime pas… je crois bien qu’il n’y en a pas vraiment ! Tout dépend par qui ils sont dits, comment ils sont dits. Si vraiment je devais en choisir, peut-être que je n’aime pas les mots « jamais » ou « impossible ».


10 - Quels conseils pourrais-tu donner aux personnes souhaitant commencer à écrire ?

Se faire plaisir ! Ecrire pour se faire du bien avant tout, écrire pour soi dans un premier temps. Sans jugement, sans pression, sans même penser au résultat. Ecrire pour ressentir les choses.

10 - Si En Corymbe pouvait créer le carnet idéal pour toi, a quoi ressemblerait-il ?

Un carnet un peu brut, avec un joli papier épais dont on voit les fibres, sur lequel je pourrais aussi bien écrire que peindre. Et avec une couverture bleue !


Retrouvez Amandine sur : Son insta : @trouverlesmotsjustes Son site : https://amandine-robaey.be/

Pour trouver un carnet, cliquez ici


MERCI pour votre lecture et à bientôt pour un nouveau portrait sensible !

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